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Home›Littérature›Acte I Scène 1 – Histoire de la Violence

Acte I Scène 1 – Histoire de la Violence

By Marlon Lenchanteur
19 novembre 2017
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Acte I, Scène 1 - Histoire de la Violence

Un bureau lumineux. Des bibliothèques pleines à craquer contre les murs, quelques feuilles par terre.

L’APPRENTI – C’est incroyable toute cette polémique autour de « #metoo », faut pas en faire tout un plat ! Comme si on n’était pas au courant des pressions que subissent les femmes !

L’ENCHANTEUR –   À vrai dire, ce n’est pas un mouvement qui dénonce les violences et abus sexuels à l’encontre des femmes, mais bien un mouvement qui dénonce les agressions sexuelles de manière générale. Tu sais, certains acteurs américains célèbres ont aussi partagé leurs expériences.

L’APPRENTI – Ah, parce que vous pensez réellement que les hommes peuvent être abusés sexuellement ? ou mieux, violés ?

L’ENCHANTEUR – Bien sûr que je le pense mon garçon. As-tu déjà lu Histoire de la Violence de Edouard Louis ?

L’APPRENTI – Évidemment que je l’ai lu, il fait partie de votre bibliothèque. Mais j’y crois pas une seule seconde à cette histoire.

L’ENCHANTEUR, il part récupérer ledit livre dans une bibliothèque et l’ouvre – Et pourquoi ?

L’APPRENTI – Un homosexuel se faisant violer par un homme ? Faudrait pas prendre les gens pour des cons non plus. Il en avait envie il le dit même dans un passage, mais il assume pas ce type, c’est tout. Du coup il en a fait un bouquin. Je suis sûr qu’il a juste honte parce qu’il a fini par se taper un maghrébin, le jour du Réveillon de Noël, au lieu de profiter de sa famille comme n’importe qui.

L’ENCHANTEUR – Tu vas trop vite en besogne, jeune homme, ne tire pas de conclusions trop hâtives. Effectivement leur premier rapport sexuel au cours de cette nuit était consenti. Mais pas le second puisque la situation dégénère lorsque Edouard Louis se rend compte de la disparition de son téléphone. Reda, le fameux maghrébin dont tu parles, puisqu’il a un nom, devient subitement violent, et va violer et étrangler le jeune homme, avant de s’excuser lorsqu’il quitte les lieux.

L’APPRENTI – Et si tout s’est réellement déroulé de la sorte, pourquoi Edouard Louis, en tant qu’écrivain, ne se dépeint pas dans une position de victime mais de pseudo-sociologue ?

L’ENCHANTEUR – Justement parce que c’est en se positionnant en victime qu’il aurait été le plus moqué, exactement comme tu le fais, et que son livre aurait eu le moins d’impact. Les témoignages publiés à propos de viol c’est du déjà vu, tandis que lui il apporte de la nouveauté, de la fraîcheur à ce sujet, notamment par cette distanciation qu’il met dans son récit. Je pense qu’il cherche à comprendre ce qui a pu amener Reda à avoir un tel comportement.

L’APPRENTI –  Vous parlez du long développement sur le passé de Reda et notamment sur son père, la grande figure allégorique de l’émigré algérien qui s’est battu toute sa vie pour faire vivre sa famille ?

L’ENCHANTEUR – C’est bien de cela dont je te parle. Et ce développement de l’ auteur est d’autant plus marquant qu’il soulève des questions plus qu’il ne répond. Qu’en penses-tu, la vie qu’a connue Reda, dans la misère et le racisme explique voire pardonne-t-elle son acte ?

L’APPRENTI – J’en pense qu’avant d’essayer de comprendre les autres, il devrait tâcher d’apprendre à se connaître lui-même !

L’ENCHANTEUR, tout en feuilletant le livre – Et pourtant c’est aussi ce qu’Edouard fait. Il y a une forme d’introspection fondamentale dans sa réflexion qui pour moi force l’admiration. Il a quand même le courage de nous dévoiler sa vie de façon très intime et de se questionner sur les actes qu’il a pu commettre et qui l’ont amené à cette nuit fatidique, sur son comportement, sur la personne qu’il est aujourd’hui, et sur son passé.

L’APPRENTI, excédé – Donc pour vous, raconter son viol et les étapes de la reconnaissance de celui-ci, c’est de l’introspection ?

L’ENCHANTEUR – J’en suis même convaincu. Simplement, ce que l’on pourrait appeler sa quête d’un « je » authentique se traduit par une volonté de raconter le réel de la manière la plus précise mais aussi la plus détachée possible. C’est pour cela que le jeune auteur ne nous cache rien, ne passe aucun détail sous silence, allant jusqu’à dévoiler l’identité réelle de son agresseur, mais aussi celle des amis chez qui il dînait, ou encore celle de sa famille.

L’APPRENTI – Bien, et le récit fait par sa sœur alors ? C’est la vérité, peut-être ?

L’ENCHANTEUR – Oui ! Le fait d’avoir d’une part la voix académique et cultivée de l’auteur, et de l’autre la voix d’une classe moyenne moins complexe mais plus rude permet d’accéder à un nouveau degré de réalité, une réalité différente selon le point de vue, les expériences et les ressentis de chacun. Et c’est bien le propre de la vérité que d’être subjective. Cette superposition des langues lui offre aussi la possibilité d’égaliser son récit. En effet, l’auteur considère que si c’est à lui de rapporter l’histoire de Reda, alors c’est une autre personne qui devra raconter sa propre histoire.

L’APPRENTI – D’accord, d’accord, si vous voulez ! Mais vous faites quoi alors de toute la polémique autour de ce bouquin ? Je veux dire, y’en a quand même qui l’ont pris pour une preuve de la gangrène qui ravage notre pays ou mieux encore que ce viol était un viol symbolique opposant la France pure, cultivée, blanche aux migrants qui veulent rentrer mais sans pour autant s’adapter aux us et coutumes français ! Et puis il y a aussi l’assignation en référé de Edouard Louis par Reda, pour atteinte à la vie privée et à la présomption d’innocence, qui reconnaît avoir eu une relation sexuelle avec l’auteur mais entièrement consentante et tente ainsi de se défendre de la plainte judiciaire posée par Edouard Louis en tant que personne, mais aussi de la plainte littéraire qu’y préfigure le roman.

L’ENCHANTEUR, refermant le livre et le posant sur ses genoux – Il est vrai que nous sommes face à un contexte politique et judiciaire extrêmement complexe, mais à vrai dire, pour moi, l’important avec ce roman n’est pas tant de savoir si cette histoire est vraie ou non ; mais le fait de savoir qu’elle existe permet de briser les tabous au sein même des tabous et d’ouvrir de nouvelles pistes de réflexion sur l’écriture du trauma, la manière de dépeindre notre société, ou encore d’appréhender le réel. Tu comprends ce que je veux dire ?

L’APPRENTI – Je pense, oui. Finalement l’intérêt du livre n’est pas de savoir si l’histoire est vraie mais de comprendre qu’elle aborde des problématiques actuelles qui depuis longtemps devraient avoir éclatées au grand jour. Exactement comme « #metoo » en somme !

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Peau demi encrée. Ecriture inachevée. Seltimbanque éméché.

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