La plume de sel

Main Menu

  • La plume de sel
    • Charte de La Plume de sel
    • La Salière
  • Critiques
    • Littérature
    • Cinéma
    • Bande-dessinée
    • Musique
    • Arts graphiques
    • Photographie
    • Opéra / Théâtre
  • Chroniques
    • Le coup de crayon d’Adeile
    • Les contes de Solal
    • Les histoires ordinaires de Jerry
    • Les discussions de Marlon

logo

La plume de sel

  • La plume de sel
    • Charte de La Plume de sel
    • La Salière
  • Critiques
    • Littérature
    • Cinéma
    • Bande-dessinée
    • Musique
    • Arts graphiques
    • Photographie
    • Opéra / Théâtre
  • Chroniques
    • Le coup de crayon d’Adeile
    • Les contes de Solal
    • Les histoires ordinaires de Jerry
    • Les discussions de Marlon
Cinéma
Home›Cinéma›Only lovers left alive : des vampires qui nous font du bien

Only lovers left alive : des vampires qui nous font du bien

By Adeile Tyna
19 novembre 2017
2647
0

« On peut ressentir une idée comme on ressent une émotion. ». Neuf ans après avoir prononcé cette formule artistique, Jim Jarmusch crée un petit bijou dans le cinéma indépendant, l’incroyablement nommé Only lovers left alive. Fidèle dans sa conception de l’art et de la vie, le réalisateur new yorkais prend soin de ses vampires, à l’inverse des blockbusters mêlant avec une simplicité navrante amour et globules rouges. Voici donc une première critique cinématographique horriblement enthousiaste qui doit se lire comme une injonction cinématographique, tout particulièrement adressée pour les idéalistes mélomanes.

 

Sous le son de la guitare de Sqürl, le groupe de musique de Jarmusch, un ciel étoilé tourne lentement et se fond progressivement en un vinyle qui libère immédiatement la voix planante de Madeline Follin. Funnel of Love, l’entonnoir de l’amour, enveloppe et transporte deux vampires aux noms faussement présomptueux : Adam et Eve, incarnés par Tom Hiddleston et Tilda Swinton. L’un vit à Detroit, ville industrielle vidée et délabrée, l’autre à Tanger, ville touristique apaisante et vivante. Ils sont inséparables et pourtant ils ne se sont plus vus depuis un certain temps, tant leurs personnalités entrent en conformité avec leurs villes d’adoption respectives : Adam est un rockeur américain talentueux mais discret, Eve vit avec des centaines de livres sa vie marocaine, traînant dans le port ou dans le café Mille et une nuits en compagnie de son grand ami Christopher Marlowe. Interprété par John Hurt, le célèbre dramaturge a été, selon Jarmusch, le réel auteur de certaines des œuvres de Shakespeare.

Renouveler pour mieux aimer

Malgré le rapport au temps extraordinaire du couple, le renouvellement est un défi sentimental et philosophique aussi viscéral que la coexistence avec les « zombies », nom donné aux pauvres mortels incultes que nous sommes. Adam et Eve veulent vivre éternellement un amour simplement fusionnel. Rares sont les films qui parviennent à narrer des couples de façon si sincère et authentique, on pourrait presque dire qu’ils sont des nôtres. Ils se savent dépendants l’un de l’autre mais conservent une indépendance sereine, les éclats ne sont pas présents, les tensions peuvent monter dangereusement sans toutefois finir dans un pathos désolant, il en va de même pour les moments heureux. Rien n’est exagéré dans cette relation amoureuse, chaque instant de vie est vécu profondément. Ce sont des êtres un poil snobs mais surtout assoiffés de savoir, chaque mot peut faire rebondir à une théorie ou un postulat scientifique ; ils aiment s’improviser biologistes, électriciens, écologistes, astrophysiciens ou historiens avec un talent déconcertant.

En fait, cette histoire est aussi une vision poétique de la capacité du renouvellement artistique. Comment créer de la beauté quand on est condamné à survivre ? Face au délabrement de sa ville et au comportement décevant de ses voisins mortels, Adam déprime, comme si la dépréciation de l’esthétisme dans le monde était finalement le plus grand des crimes. Pour autant, cet ancien ami de Schubert et de Wollstonecraft est un être prolifique attaché au climat glauque et gothique qui embellit sa musique et les nuits de Detroit. Quant à Eve, nettement plus optimiste, elle décide de quitter son cocon pour soutenir son âme sœur un poil trop ours : la légèreté, la danse, l’étonnement au monde semblent être les trois mots d’ordre de cette femme ayant adoré le temps des Inquisitions. Par ailleurs, le parallèle de leurs maisons est un miroir visuel de la complémentarité de ce couple : chacun vit dans un grand désordre élégant qui ferait rêver n’importe quel étudiant réticent à tout rangement. Chaque meuble est décoré par la musique ou la littérature, leurs goûts semblent intemporels, comme si le gothique épousait l’architecture arabe pour donner un environnement toujours plus mystérieux et séduisant.

Composer pour mieux signifier

Toutes ces réflexions se trouvent amplifiées par la bande-son géniale du film : Jozeph Van Wissem et Jim Jarmusch offrent au spectateur une composition musicale vibrante, quasi obsédante. La voix de Eve entre en osmose avec les guitares de Van Wissem et Jarmusch dans un poème mélodieux « The more she burns the more beautifully she glows » : vivre ne peut se faire sans le rythme, la dynamique d’un instrument de musique ; ici la guitare est mise à l’honneur, Jarmusch parvient à filmer de manière touchante tout le trésor musical dont dispose Adam. Persuadé que le talent est incompatible avec la célébrité, Adam sera contredit avec joie par Ava, petite sœur envahissante et encombrante de Eve, jouée par Mia Wasikowska. Véritable trouble-fête chez les deux amants, sa disposition à s’amuser constamment avec les mortels renforce l’aspect comique du film : tout moment de sociabilité avec le monde extérieur est un risque non négligeable : comme d’hab, il faut porter des lunettes de soleil, se travestir en médecin pour récupérer ses doses de sang hebdomadaires et, chose inédite dans cette sphère biologique et sociale, ne pas laisser traîner le zombie qui a servi de repas. Inévitablement, les discussions intellectuelles restent ponctuées de punchlines rageuses, ou non, ce qui rend plus agréables certaines réflexions soulevées par les actions des deux protagonistes, à savoir le concept de temps et du pouvoir conjoint des mots, de la physique et de la musique.

En somme, Only lovers left alive illustre une vraie histoire d’amour entre la musique et le cinéma, pour donner naissance à une poésie sombre, trouble mais optimiste. Cette ode au noctambulisme romantique rend compte d’une intensité intellectuelle et émotionnelle instantanée, embellie par un clair-obscur visuel omniprésent. Ainsi, Adam et Eve incarnent l’élégance inusable d’êtres curieux et respectueux d’autrui, mais surtout un amour créatif qui serait souhaitable chez les simples mortels.

TagsamourcinémaJarmuschrenouvellementrockvampires
Previous Article

Buster Keaton : un casse-cou face à ...

Next Article

Mishima, samouraï par tempérament

Adeile Tyna

Adeile Tyna

Rageuse noctambule, larmes de rire, iode libertaire.

Related articles More from author

  • The Favourite
    Cinéma

    La Favorite: Our favorite game ?

    10 avril 2019
    By Sao Mai
  • Cinéma

    Buster Keaton : un casse-cou face à l’andouille humaine

    19 novembre 2017
    By Adeile Tyna
  • Cinéma

    Secret sunshine : l’art de la dérobade

    23 décembre 2017
    By Sao Mai
  • obsession
    Cinéma

    Obsession, épisode 1: Méduse moderne ou sirène ?

    16 mai 2018
    By Solal
  • Beatles
    CinémaMusique

    “The Beatles : Eight Days a Week”. Beatles VS Beatlemania

    4 novembre 2018
    By Adeile Tyna
  • Médecine
    Cinéma

    Première année : A la recherche du Temps perdu…

    20 septembre 2018
    By Sao Mai

Leave a reply Annuler la réponse

Ceci vous intéresse ?

  • Pedro Moreira
    Arts graphiques

    Acte II Scène 2 – Pedro Moreira Art

  • entative d'écriture à deux mains n°2 : La Rencontre
    Les discussions de Marlon

    Tentative d’écriture à deux mains n°2 : la Rencontre

  • Banksy
    Arts graphiques

    Comment le monde entier s’est-il fait « bankser » ? Banksy aka l’artiste-provocateur par excellence

  • Latest Posts

  • La Liberté guidant les badass

    By Adeile Tyna
    3 mars 2020
  • Niut

    Toile à Cape

    By Solal
    11 juillet 2019
  • There is no planet B but we keep fucking planet A

    By Adeile Tyna
    8 juin 2019
  • Poésie

    Pour que la poésie contée compte !

    By Sao Mai
    23 mai 2019
  • Temps

    Etoffes

    By Solal
    5 mai 2019
  • LATEST REVIEWS

  • TOP REVIEWS

Catégories

  • Arts graphiques
  • Bande-dessinée
  • Chroniques
  • Cinéma
  • Critiques
  • Le coup de crayon d'Adeile
  • Les contes de Solal
  • Les discussions de Marlon
  • Les histoires ordinaires de Jerry
  • Littérature
  • Musique
  • Opéra / Théâtre
  • Photographie
  • Recent

  • Popular

  • Comments

  • La Liberté guidant les badass

    By Adeile Tyna
    3 mars 2020
  • Niut

    Toile à Cape

    By Solal
    11 juillet 2019
  • Perro

    Fury of Love

    By Jerry Tearthrough
    3 juillet 2018
  • Créer et informer : Edward S. Curtis et les Indiens d’Amérique du Nord

    By Adeile Tyna
    2 mars 2018
  • There is no planet B but we keep fucking planet A - La plume de sel
    on
    8 juin 2019

    Basquiat à la Fondation Vuitton: la visite enchantée

    […] veux un autre ...
  • Anne Sophie Toutain
    on
    22 janvier 2019

    La complainte du marin moderne : la poésie comme dessein

    Bonjour à toute l'équipe ...

Connexion

Welcome, Sign in / Join to the forum

Login

Welcome! Login in to your account
Mot de passe oublié ?

Lost Password

Back to login

L’édito

Vraiment gourmande et exigeante, la Plume de sel jette ses plumes dans tous les vents qui échauffent sa passion, de la revue aux fictions hybrides, dans le claquement d’un coup de bec !

© Copyright La Plume de Sel 2018. All rights reserved. Lire notre charte.