Tentative d’écriture à deux mains n°2 : la Rencontre
Toute vie véritable est rencontre, voilà qui résume bien une des nombreuses discussions nocturnes de Lula et Marlon l’Enchanteur.
M – La rencontre, c’est toi et moi. Ce qui fait qu’on est là, maintenant, ensemble.
L – Les rencontres ont toujours quelque chose de beau, même lorsqu’elles sont moches.
M – La rencontre, c’est un regard échangé dans la foule, un simple contact, deux mains qui se frôlent dans une bousculade, un bus trop bondé…
L – Elle était si belle cette rencontre-là…
M – Rencontrer c’est découvrir, on se rencontre à chaque fois. Est-ce que rencontrer ce n’est pas se rencontrer soi ? Ou alors s’oublier à chaque fois, aussi facilement que l’on finit par effacer de nos mémoires toutes ces personnes qu’on a un jour rencontrées ?
L – Et toi, un jour tu seras loin. Tu m’effaceras, tu m’oublieras…
M – Ce que j’aime dans la rencontre, c’est la multiplicité des possibilités qu’elle crée.
L – C’est vrai, on peut se rencontrer de mille façons différentes et devenir mille autres personnes. La rencontre ça a toujours quelque chose à t’apporter. Elle est là, prête à te porter, à t’emporter.
M – Je me souviens encore de chaque fois où l’on a pu se rencontrer. De chaque fois que l’on a pu se réinventer. Et tu sais, je n’ai rien envie de changer.
L – Et si on ne s’était pas rencontrés ?
M – Et si on était voués à se rencontrer ?
L – Raconte-moi la fois où tu m’as le plus rencontrée.
M – Notre énième rencontre pendant laquelle j’ai fini par comprendre que tu étais une petite partie de moi. Ou une grande. Ou que tu étais moi.
L – Il y a parfois des rencontres que l’on veut éviter, des rencontres que l’on aimerait contrer.
M – Peut-être que se rencontrer c’est aussi s’abîmer. Que c’est être prêt à se blesser, à tout sacrifier. Si ça se trouve, on la subit plus que l’on ne la vit la rencontre.
Mais on est des acharnés, des entêtés, des êtres décharnés et on continuera à persévérer, à se rencontrer encore et en corps, jusqu’à la fin, jusqu’à ne plus se reconnaître, jusqu’à se connaître.
L – Est-ce que tu me connais autant que tu te connais ?
M – Je ne sais pas. On ne s’est sans doute pas encore assez rencontrés pour que je puisse te répondre. Qui sait, j’aurais peut-être la réponse lors de notre prochaine rencontre.
L – J’ai peur de ne plus jamais rencontrer. De ne plus jamais te rencontrer. Et si l’on ne rencontre plus, c’est qu’on ne vit plus, non ?! Finalement l’important, est-ce la rencontre, ou le souvenir qu’elle te laisse ?
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