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Cinéma
Home›Cinéma›Secret sunshine : l’art de la dérobade

Secret sunshine : l’art de la dérobade

By Sao Mai
23 décembre 2017
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Film coréen réalisé par Lee Chang-Dong, sorti en 2007, dont l’actrice principale Jeon-Do-Yeon a reçu le prix d’interprétation féminine pour son rôle de veuve endeuillée de son enfant disparu sans laisser de traces.

La vie est un long deuil tranquille…

La disparition du fils laisse des traces. D’ailleurs, elle est annoncée par des signes et des présages. Shin-ae, la mère, lorsqu’elle parle de lui, dit qu’il « imite tout le temps son père. » Le père n’est plus.

Le fils, dès le début, brille par son absence. Pour un enfant, il semble déjà sans vie, en pleine rêverie, toujours ailleurs. Sa présence se manifeste dans l’effacement. Sa mère ne suffit pas à le tirer de sa torpeur.

Elle, on la trouve bien vivante, elle sourit, rit, donne des leçons de piano, s’intéresse à la vie de son quartier, fait connaissance avec le voisinage. D’ailleurs, tout le monde parle d’elle. Elle se dérobe dans le silence. « On m’a raconté votre histoire, on m’a dit qu’un malheur vous étiez arrivé. »

Le silence ne dure pas tout comme l’existence paisible à Miryang, le village natal du défunt mari. Shin-ae choisit de s’y installer avec son fils, et lorsqu’elle le perd lui aussi, elle ne part pas, elle reste, elle ne peut s’en aller.

Le prix de l’interprétation féminine

La vie de cette femme est un long deuil. Elle doit vivre avec le poids du secret. Le secret qu’est le deuil. La douleur et le chagrin ne se partagent pas. Pourtant, elle ne s’isole pas. Le deuil, pour elle, constitue l’effort de se lier – mais dans le désespoir, aux autres.

Elle ne partage pas, mais donne d’elle-même. Les disparus, le mari, le fils, le frère aussi, n’ont pas tout pris. Elle reste et rayonne, gracieuse dans sa vie disgraciée.

Quelque chose nous trouble avec elle. La séduction qu’elle opère. Elle livre son corps aux hommes qu’elles ne désirent pas, s’oublie dans des groupes de soutien et la foi en Dieu, alors qu’elle n’y croit pas. Elle ne s’absente pas, cherche le contact. Elle ne se replie pas sur elle-même, elle s’ouvre à la vie douloureuse, à la douleur d’être femme, d’être veuve, sans mari et sans fils, d’être fille. Qui est-elle sans les absents ? Elle se le demande.

 

Le film de l’égarement

Quelque chose nous trouble dans ce film. Ça nous fascine et nous écœure, nous interroge et n’en finit jamais de nous désorienter. Une certaine pesanteur s’allie à une légèreté ingérable, malaisée, qui nous délaisse dans l’inconfort. La musique, presque absente elle-aussi, rythme trois passages du film, le début, le milieu, la fin. Elle fait ressortir, derrière les images, la lumière, cet ensoleillement insoutenable, la répulsion et le rejet que provoque la mort.

Quelque chose nous écrase. L’absence du jeu – c’est-à-dire l’excès de naturel de la performance des acteurs, puis l’effacement quasi complet de la mise en scène, nous brutalisent. Nous sommes forcés d’assister à la douleur, crue et vive, cruelle car ni jouée, ni surjouée.

Quelque chose nous désoriente. Ce n’est plus un jeu d’acteurs, ce n’est plus un film, ce n’est pas un documentaire, ni une tranche de vie. On ne sait pas trop ce que c’est. L’esthétique – mot bien lourd, pour ce film naturellement maîtrisé – est indéterminable. On ne sait plus ce qui se joue vraiment.

Ce serait donc un film de deuil, un film sur la mort ? Mais ici, la mort ne sert pas de ressort dramatique et l’intrigue semble également accessoire. Le film finit donc par nier et détruire, en fait, ce qui le fondait dès le début. Le basculement du film à intrigue-personnages à la vision de la douleur, non-maquillée, non esthétisée, non mise en scène, a bien lieu.

À voir, une seule de ces scènes qui nous inquiète et nous intrigue : le moment où Shin-ae joue à cache-cache avec son fils. Elle pleure faussement de l’avoir perdu qu’il réapparaît. Scène d’apparition et de disparition provisoire, prévisible et prophétique.

Ce film sur le deuil de la disparition est lumineux. La mort asiatique ne se fait pas dans l’ombre, dans l’implicite. Le noir est notre couleur pour signifier le deuil ; en Asie, la couleur est blanche, d’où la lumière, d’où le titre Secret sunshine.

 

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