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Home›Les histoires ordinaires de Jerry›L’Or et la Cendre

L’Or et la Cendre

By Jerry Tearthrough
6 octobre 2018
2876
0
L'Or et la Cendre

L’Or et la Cendre. Episode d’un court et vulgaire feuilleton d’étudiant.

Ce soir, j’tise avec Cassie. À la base, j’voulais abuser de l’alcool, la baiser, mais finalement j’ai changé mes plans. La société agit sur moi.

Rapidement, pour vous donner l’contexte, j’suis un négro ; j’suis perçu comme un chineur de blanches par la classe moyenne, et Cassie elle est en lettres et ses potes font de la socio, ils sont perçus comme des sous-merdes par la même classe moyenne. C’qui leur parle à son groupe, c’est l’incorporation de schèmes, la violence symbolique, la façon dont les différents phénomènes de domination s’exercent sur les individus. Sur fb, ça parle que d’ça, ça tag sur tous les threads alternatifs. Au début, j’la faisais flipper, j’étais le prédateur des boîtes de nuit. Elle rigole en disant qu’au final elle a développé comme un syndrome de Stockholm ; maintenant elle veut m’sauver d’moi-même. Tant mieux, c’est ma nouvelle porte d’entrée vers sa chatte. J’m’adapte.

Bref, j’arrive chez elle vers 23h, y’a tout l’monde et j’vois bien qu’elle voit déjà flou. Elle m’entraîne vers sa pote Léo, c’est une renoi, et direct j’vois qu’elle flash sur moi. On s’comprend ; j’entre dans le personnage. Ça crispe Cassie. Léo fait un BTS commerce j’sais pas quoi, elle est en stage avec un groupe qui vend des compotes auprès des professionnels. Elle me dit qu’elle gère, qu’officiellement elle touche 500 eu’ mais qu’en vrai elle approche plus d’un gros SMIC. C’est stylé. Moi j’suis cuistot au BK derrière la fac, et j’touche un SMIC, c’est un signe non ? j’gratte de ouf et j’graille à l’œil. Elle rigole, moi aussi, on tchatche en buvant des cocktails sucrés. C’est traître mais j’aime bien, elle aussi — c’est ambiance légère. Elle trouve que mon pull me moule avantageusement, j’la remercie. Tous les jours j’m’entraîne, boire c’est pas fou mais tant qu’on modère ça passe. En vrai, j’suis un nazi sur ma diète. Un nazi qui vole des burgers, elle balance, ouais mais toutes les sources de prot’ sont bonnes à prendre, je rétorque. J’fais une prise de masse. J’lui dis que j’ai des insécurités, c’est pour ça j’veux devenir énorme. Elle rigole parce qu’elle sait que j’baroude. Elle est carrément torchée mais c’est ok. C’est bon enfant en vrai, j’ai pas d’arrière-pensée, mais j’vois que Cassie revient m’voir de plus en plus souvent pour savoir comment avance la conversation. (Cassie, c’est l’étudiante jeune, elle est en L3 mais l’an prochain elle entre à l’ENS, elle a même pas vingt piges et son cerveau lui crame déjà l’arrière du crâne h24. Autant les renois c’est des furies, elles pètent des plombs pour rien, autant les babtous c’est des détraquées, surtout celles qui viennent de la classe moyenne cultivée voire des classes intellectuelles. Et Cassie elle a trop lu pour être saine ; elle a troqué son intuition contre la rationalité qui déconstruit l’idée d’intuition, ça lui réussit pas de ouf ce soir.) Elle finit par prendre Léo à partie, fait genre elle rigole avec elle, tout ça, et revient me voir pour m’présenter à un d’ses potes. J’suis pas dans un état à lutter donc j’la suis. Son pote c’est Bradie l’Amerloque, il est en échange mais y s’connaissent depuis la tendre enfance : leurs darons sont collègues au département de lettres françaises à Berkeley. Y confesse en rigolant que c’est lui le premier mec qui lui a touché « les nénés » (j’vous laisse juge de l’expression). Ça me fout mal à l’aise. Lui, il est en master, son sujet c’est « la violence symbolique à l’encontre des minorités ethniques, tout c’qui touche un peu à la domination quoi », et vu qu’y trouve que j’m’exprime bien il me demande ce que je fous d’mon côté ; il est surpris d’apprendre que j’suis que cuistot. J’fais pas des études à côté ? Non non, j’ai presque 24 ans. Ah, quand même. J’lui souhaite du succès et j’me tire. « Cool ton pote, Cassie ! » J’crois qu’elle est contente qu’on s’entende bien — en tout cas elle sourit. J’lui dis que j’reviens et j’file. J’vais aux chiottes.

Y’a Léo sur le balcon, seule à l’écart d’un groupe qui s’enfume le crâne. Elle m’dit que Cassie l’a mise en garde contre moi, qu’elle comprend pas c’qu’elle a, qu’elle l’a jamais vue comme aç. J’vais voir Cassie pour avoir une explication mais elle baragouine des trucs que j’comprends pas sur la prédation, sur ma conception des relations homme-femme, que c’est à cause des mecs comme moi qu’les meufs peuvent pas faire c’qu’elles veulent, qu’elle va pas tolérer ça chez elle. Elle m’dit que si j’hallucine c’est que j’ai pas conscience des trucs, qu’y faudrait peut-être que j’commence à réfléchir sur les bases de mon identité sociale. J’lui dis qu’elle débloque de ouf, j’pète un câble, on s’gueule dessus rapidement et j’me barre en claquant la porte.

J’suis sur la route quand j’reçois un message : c’est Léo. J’vais check son profil fb en despi, par habitude. Elle me demande si j’veux qu’on s’rejoigne, j’dis ok, j’l’attends en bas. Elle m’emmène chez elle, y’a pas sa coloc. Elle tente un rapprochement mais j’lui dis que j’suis pas dans l’humeur, qu’Cassie m’a cassé les couilles. Elle comprend. Elle me demande si y’a un truc entre nous ; j’lui raconte ce qu’elle veut savoir. Elle comprend. Nous les mecs on a des besoins et quand y’a tension on y peut rien. J’lui dis c’est ça. Elle comprend. Au final, j’me casse. On reste en contact.

Vers 6h, Cassie sonne et monte. Elle est en pleurs. Elle sait à quel point elle a été horrible avec moi, qu’elle est raciste malgré elle, qu’elle souffre inconsciemment d’un complexe de supériorité de classe. Elle rajoute que ma vie a été moins facile que la sienne. Elle est au fait des études intersectionnelles, elle sait d’où son discours se positionne et elle me prie de l’excuser pour son ethnocentrisme. Qu’elle a compris qu’elle était matrixée quand j’parlais avec Bradie, ça l’a dégoûtée, émue de rage !, et elle s’est jurée de ne plus être comme ça avec moi. Là y’a un blanc. En vrai, j’pige rien de ce qu’elle dit, j’vois juste que ça lui fait du bien de s’expliquer. Un peu au moins. Elle, elle sait plus quoi faire alors elle se jette dans mes bras. Elle m’embrasse. J’la repousse. À son visage, j’vois qu’elle est rassurée par ce rejet. J’la raccompagne.

Les lampadaires illuminaient le reste de la rue. Elle a tourné à gauche. En revenant dans mon lit, j’me suis branlé malgré moi. Elle était trop bonne. En fin de compte, la société avait pas encore totalement agi sur moi. :x:x:x

The end.

Déjà fini ? Jerry t’a subjugué par son art du récit ? Voici un lien vers une autre nouvelle : Fury of Love ! C’est l”histoire d’un nerd qui finit en taule.

Crédits: Poulpator

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Rédacteur frustré ; plaies ouvertes, villa sur la mer.

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