La plume de sel

Main Menu

  • La plume de sel
    • Charte de La Plume de sel
    • La Salière
  • Critiques
    • Littérature
    • Cinéma
    • Bande-dessinée
    • Musique
    • Arts graphiques
    • Photographie
    • Opéra / Théâtre
  • Chroniques
    • Le coup de crayon d’Adeile
    • Les contes de Solal
    • Les histoires ordinaires de Jerry
    • Les discussions de Marlon

logo

La plume de sel

  • La plume de sel
    • Charte de La Plume de sel
    • La Salière
  • Critiques
    • Littérature
    • Cinéma
    • Bande-dessinée
    • Musique
    • Arts graphiques
    • Photographie
    • Opéra / Théâtre
  • Chroniques
    • Le coup de crayon d’Adeile
    • Les contes de Solal
    • Les histoires ordinaires de Jerry
    • Les discussions de Marlon
Les histoires ordinaires de Jerry
Home›Les histoires ordinaires de Jerry›Obsession, épisode 5 : Dans les yeux bleus du monde

Obsession, épisode 5 : Dans les yeux bleus du monde

By Jerry Tearthrough
2 juin 2018
2180
0
Monsieur C.

Jerry s’en revient sur les sentiers de l’écriture sur thème : l’Obsession, n’y avait-il rien de meilleur pour composer une variation sur les amours mort-nées des étudiants de lettres ? Voici l’histoire de “Je” et Monsieur C.

Il y a beaucoup de clichés sur les lettreux, et beaucoup sont fondés : j’ai écrit dans les cafés pendant des années des histoires d’amour éclair — sur des cahiers que j’ai depuis jetés au feu. Quelques-unes de ces histoires ont survécu. En voici une, sur l’obsession éphémère d’un jeune étudiant pour son prof.

Dans les yeux bleus du monde

C’était à Bellecour, en mai, dans un café. Quand je suis là, le patron me sert toujours un chocolat chaud à l’œil. (On se côtoie.) Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec Monsieur C. ; il est intéressé par mon projet de recherche. J’arrive en avance. Je me prépare mais je suis terrifié ; mes pensées perdent en volume, il n’en reste que ce que la peau de mes bras peut contenir par compression contre mon ventre. J’aurais aimé que le café donne sur le soleil du matin, qui tombe dans les yeux comme des barres obliques : la vue des passants dans la rue me donne le vertige.

Tic. Tic. Tic. Tic. 10h30. Une silhouette familière : il entre dans le café. Un bref signe de reconnaissance le fait venir s’asseoir en face de moi. Il me sourit : c’est comme un coup de feu qui part : un éclair, le tonnerre, puis le sang. Le canon fume : il y a son visage, ses lèvres fines, sa jeune barbe, et ses yeux bleus. Il sort du papier que de fins points structurent. On parle trente, quarante minutes, et il part. Je laisse deux minutes s’écouler, puis je pars à mon tour. Il a payé pour moi. C’est normal, je vous ai donné rendez-vous dans un café. J’envoie un SMS à une amie : Non, je ne viendrai pas. Allez, juste 15 minutes. Je n’ai pas le temps, je vais au taf.

Une heure plus tard, je commence mon service. Deux clients mécontents : les nuggets sont froids. La caissière ne sait pas quoi faire : elle se liquéfie. J’en apporte des chauds. Les actions mécaniques s’enchaînent, etc. etc. jusqu’à mon dos qui brûle, jusqu’aux lampadaires du soir sur le bord du périph, jusqu’au bus et ses vitres qui tremblent. Le C15 passe avec dix minutes de retard. Les portes s’ouvrent, je suis frappé : le chauffeur a les yeux bleus. Monsieur, votre titre de transport. Il fait du zèle ; je n’ai pas le cran de l’insulter. Il me contraint dans l’image du matin. Derrière, il y a les arbres noirs du parc de Parilly ; il y a les yeux de monsieur C. Le chauffeur allume la radio. Une femme monte à l’arrêt suivant. Encore en tournée, Fred ! Eh oui, Sylvie ! Je les regarde à travers le plexiglas, caché derrière une affiche qui parle des quarante ans du réseau TCL. Le chauffeur a le regard rivé sur la route : je cherche ses yeux bleus, ils se cachent derrière ses énormes pommettes. Sylvie les cherche aussi. Tout son corps les cherche. À Bachut, c’est la seule à rester dans le bus.

À 23h50, le grec en bas de chez moi est rempli. Je passe la porte de mon immeuble, de mon appart, de ma chambre. Je m’enfonce dans mon lit. Je ne me lave pas. Je repense au matin. Mes fesses se contractent, mon avant-bras, mon triceps, mon épaule suivent. J’ai ses yeux dans la tête, si clairs qu’ils brilleraient ce soir le long de mes joues mal rasées. Monsieur, je me permets : vos yeux m’obsèdent. Ils ressemblent à l’été. Il y fait chaud et rien n’y dure. Ma tête retombe. En bas du bloc, à l’amicale, les fêtards gueulent sur du Johnny. Je dors en dix minutes.

(Tableau : La Mort du jeune Bara, Jacques-Louis David, 1794)

The end.

C’est déjà fini ? Jerry t’a subjugué par son art du récit ? Voici un lien vers une autre nouvelle : Saison Torride ! Une parabole pornographique !

Previous Article

The Disruptives : Make The Rock Satirique ...

Next Article

Obsession dernier épisode : La fin de ...

Jerry Tearthrough

Jerry Tearthrough

Rédacteur frustré ; plaies ouvertes, villa sur la mer.

Related articles More from author

  • Réactionnaires
    Les histoires ordinaires de Jerry

    Soupçon de réaction

    19 novembre 2017
    By Jerry Tearthrough
  • Gymnase
    Les histoires ordinaires de Jerry

    La Gymnaste

    1 mars 2019
    By Jerry Tearthrough
  • Abderrahmane
    Les histoires ordinaires de Jerry

    La triste destinée du manager Abderrahmane

    2 février 2019
    By Jerry Tearthrough
  • L'Or et la Cendre
    Les histoires ordinaires de Jerry

    L’Or et la Cendre

    6 octobre 2018
    By Jerry Tearthrough
  • Perro
    Les histoires ordinaires de Jerry

    Fury of Love

    3 juillet 2018
    By Jerry Tearthrough
  • Jerry
    Les histoires ordinaires de Jerry

    À l’article de la mort

    2 février 2018
    By Jerry Tearthrough

Leave a reply Annuler la réponse

Ceci vous intéresse ?

  • Acte I, Scène 1 - Histoire de la Violence
    Littérature

    Acte I Scène 1 – Histoire de la Violence

  • Cinéma

    Buster Keaton : un casse-cou face à l’andouille humaine

  • Temps
    Les contes de Solal

    Etoffes

  • Latest Posts

  • La Liberté guidant les badass

    By Adeile Tyna
    3 mars 2020
  • Niut

    Toile à Cape

    By Solal
    11 juillet 2019
  • There is no planet B but we keep fucking planet A

    By Adeile Tyna
    8 juin 2019
  • Poésie

    Pour que la poésie contée compte !

    By Sao Mai
    23 mai 2019
  • Temps

    Etoffes

    By Solal
    5 mai 2019
  • LATEST REVIEWS

  • TOP REVIEWS

Catégories

  • Arts graphiques
  • Bande-dessinée
  • Chroniques
  • Cinéma
  • Critiques
  • Le coup de crayon d'Adeile
  • Les contes de Solal
  • Les discussions de Marlon
  • Les histoires ordinaires de Jerry
  • Littérature
  • Musique
  • Opéra / Théâtre
  • Photographie
  • Recent

  • Popular

  • Comments

  • La Liberté guidant les badass

    By Adeile Tyna
    3 mars 2020
  • Niut

    Toile à Cape

    By Solal
    11 juillet 2019
  • Perro

    Fury of Love

    By Jerry Tearthrough
    3 juillet 2018
  • Pedro Moreira

    Acte II Scène 2 – Pedro Moreira Art

    By Marlon Lenchanteur
    24 février 2018
  • There is no planet B but we keep fucking planet A - La plume de sel
    on
    8 juin 2019

    Basquiat à la Fondation Vuitton: la visite enchantée

    […] veux un autre ...
  • Anne Sophie Toutain
    on
    22 janvier 2019

    La complainte du marin moderne : la poésie comme dessein

    Bonjour à toute l'équipe ...

Connexion

Welcome, Sign in / Join to the forum

Login

Welcome! Login in to your account
Mot de passe oublié ?

Lost Password

Back to login

L’édito

Vraiment gourmande et exigeante, la Plume de sel jette ses plumes dans tous les vents qui échauffent sa passion, de la revue aux fictions hybrides, dans le claquement d’un coup de bec !

© Copyright La Plume de Sel 2018. All rights reserved. Lire notre charte.