32 rue Vandenbranden : l’étrange ballet de Peeping Tom
En collaboration avec le Ballet de l’Opéra de Lyon, la compagnie Peeping Tom présenta un spectacle qui, après avoir survolé les planches japonaises, australiennes, uruguayennes et bien d’autres, débarqua sur la scène lyonnaise l’espace de cinq soirées.
Librement inspiré de La Balade de Narayama de Shohei Imamura, 32 rue Vandenbranden est un récit prenant place autour de quelques caravanes perdues dans une impasse ignorée du monde. Les habitants y vivent « au rythme de la solitude et de passions bouillonnantes qui les emmènent aux portes de la folie et de la perdition » [1], entraînant avec eux les spectateurs dans des tableaux mêlant cinéma d’horreur et burlesque.
Il est difficile de traduire par les mots le mouvement des corps, les exercices de contorsion des danseurs et autres portés d’une technique tellement travaillée qu’elle semble inexistante. La compagnie nous livre une peinture peu charmante des effets de l’isolement sur les relations humaines en traversant plusieurs sujets, comme celui des violences conjugales ou de la femme enceinte, heureuse ou non de sa condition.
On passe aléatoirement de scènes représentant des moments de vies divers (mariage, soirée…) à des sketchs d’un ou deux danseurs, de fait qu’il est difficile de trouver une ligne narrative claire à l’histoire, partagée entre le rire et la gêne. Le glauque surplombe constamment les actions et décisions de ces personnages isolés dans le froid de leurs caravanes, ce qui renforce l’impression d’assister à un long métrage torturé.
Dans La Balade de Narayama, Shohei Imamura décrit une tradition étrange qui se perpétue dans un village extrêmement isolé : les anciens se retirent dans la montagne de leur plein gré pour y finir leurs jours afin de ne pas devenir un fardeau pour le reste du village. Malgré un travail habile de lointaine transposition du cinéma à la danse, Peepingtom se concentrant d’abord sur la forme et le mouvement semble s’économiser sur le fond.
Entre théâtre, cinéma et ballet, la nature de ce 32 rue Vandenbranden demeure une question en suspens. Il me reste comme un brouillard sur la mémoire, partagée entre l’idée d’avoir vu un spectacle de qualité et l’impression de me souvenir d’images floues et lointaines, sur le point d’être oubliées.
[1] https://www.opera-lyon.com/fr/20182019/danse/peeping-tom
https://www.youtube.com/watch?v=1ThTb5qPRvA
[1] https://www.opera-lyon.com/fr/20182019/danse/peeping-tom
Photos : Pixabay
Basquiat à la Fondation Vuitton: la visite enchantée
La complainte du marin moderne : la poésie comme dessein