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Les histoires ordinaires de Jerry
Home›Les histoires ordinaires de Jerry›La triste destinée du manager Abderrahmane

La triste destinée du manager Abderrahmane

By Jerry Tearthrough
2 février 2019
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Abderrahmane

Abderrahmane était un homme peu professionnel que ses penchants avaient entraîné sur le chemin des abus de pouvoir et de la compromission. Sa chute était programmée depuis le départ…

Cette nuit-là, les étoiles ne brillaient plus dans le ciel de janvier. Équipier depuis quelques temps déjà dans la célèbre chaîne de restauration rapide Burger Star, Romain avançait d’un pas lourd tandis que, derrière lui, le tram qui l’avait déposé s’évanouissait dans le soir. Le long du périph, des lumières aux largeurs variables sifflaient lorsqu’elles le dépassaient, l’escortant lentement jusqu’aux abords du restaurant. Le feu d’une longue journée dégradait ses pensées, si bien que Romain s’appesantissait sur une seule et même interrogation : était-ce Abderrahmane le manager en charge de l’équipe nocturne ? Quand il arrive, à sa déplaisante surprise, Célia lui répondit que oui.

« Douze minutes de retard, Romain. Encore une fois comme ça, et j’te colle ton second avertissement. — Ça ne se reproduira plus, Abderrahmane. » Se changeant rapidement dans les vestiaires, le jeune homme rejoignit son équipe en cuisine. Le manager voulait deux burgers de chaque dans les chutes. S’arrêtant derrière Romain, il lui glissa qu’il avait deux mots à lui dire. « Ces derniers temps, tu ne fais aucun effort. Aujourd’hui encore, tu n’es pas rasé de près. Qu’est-ce que je dis, moi, en cas de contrôle ? — Je n’en sais rien. — Ce soir, sois irréprochable sur les process. J’y tiens. — C’est entendu. Je peux y aller ? » Abderrahmane acquiesça. Tandis que Romain regagnait son poste, Jordan, qui cassait vaguement les cartons le temps que l’entretien s’achève, se rapprocha du manager. Les deux commencèrent à discuter. Romain les vit et soupira. Abderrahmane lui fit signe de dégager. À 19h30, le rush démarra doucement, atteignant son pic dans l’heure qui suivit. Pour ne rien cacher au lecteur, ce fut une véritable sauterie grecque. Les équipiers besognèrent péniblement pour maintenir la production. Il y avait, entre autres, une raison à cela : Jordan ne s’était jamais ramené, manquant à son devoir d’approvisionnement de tous les boards en nouvelles viandes. Romain, excité par l’attitude déplorable du manager, alla à sa rencontre. Il le trouva dans son bureau, assis les jambes croisées, à rire avec Jordan. Devenant blême, brutalement, Romain prit l’équipier par le col et le dégagea de la pièce. Abderrahmane se releva, pressentant probablement qu’une chose n’allait pas, mais sans intuition plus précise.

« Qu’est-ce qui se passe ? bégaya-t-il. — Oh, rien… Autant jouir un peu de la vie, tant qu’à faire, vous ne croyez pas ? YOLO, hein ! — Dans ce cas… » Il n’en fallu guère plus pour que l’énorme nez d’Abderrahmane rencontre le front veineux de Romain, s’écrasant sur la face du manager comme ce dernier s’écrasa sur les planches de son bureau. Des éclats vifs de sang tâchaient la chemise blanche de l’homme à terre. Prenant un instant pour souffrir du choc, Abderrahmane se releva quasi immédiatement sur l’effet de l’adrénaline, prenant rageusement Romain par le cou, lui enfonçant ses deux énormes pouces dans la trachée : « Sale petite merde ! » Surpris par cet accès de fureur, Romain sentit qu’il perdait connaissance sous la poigne monstrueuse de ce gros lard d’homme. Abderrahmane, reculant légèrement quand il réalisa qu’il le tuait peut-être, desserra son emprise. Il respirait comme un bœuf, portant sur son jeune agresseur des yeux déments. Recouvrant peu à peu la sensation d’un cerveau approvisionné en air, Romain sortit du bureau, comprenant qu’il n’avait aucune chance de gérer un être humain aussi volumineux dans un espace si exigu. Abderrahmane, lui gueulant que l’affaire n’était pas close, se lança imprudemment à sa poursuite. Ne prenant pas le temps de découvrir ce que cachaient les angles morts, le manager encaissa un high kick qui lui arracha la pommette. Un énorme cri de haine retentit dans le restaurant. Romain se tenait prêt, le masséter contracté comme un lion, la garde levée. Qui se dégageait lentement du bureau, Abderrahmane avait perdu visage humain. Furieux et humilié, il bondit sur l’équipier en tentant un crochet du droit. Romain l’esquiva pour lui coller directement un uppercut dans le menton puis un puissant coup de genou dans le tenseur. Le manager vacilla légèrement mais reprit sa stabilité pour le plaquer finalement au sol dans une ruée sauvage. Les deux hommes se débattaient à terre. Résistant comme il le pouvait, Romain perdait progressivement son avantage, manquant de souffle à cause de tout ce poids sur sa cage thoracique. Presque vaincu, il contempla le visage animal d’Abderrahmane, magnifié par les contre-jours. « J’vais te faire pisser l’sang ! T’as choisi le mauvais jour pour me faire chier, gamin. » À cet instant, réalisant ce qui arrivait, Romain ferma les yeux, armant autant qu’il put les muscles de son cou. Dans cette latence infernale, tous les muscles supérieurs d’Abderrahmane se contractèrent pour accompagner la chute de son crâne vers l’exécution d’un formidable coup de boule, promettant de détruire à son impact le nez, les dents et peut-être la mandibule inférieure de Romain. Dans l’urgence de la situation, une fenêtre de conscience aiguë s’ouvrit dans l’esprit du jeune homme. Alors que ce crâne rond comme un boulet perçait l’air vicié du lobby, Romain sentit son corps regagné en puissance, trouvant dans sa mobilité réduite la force de déséquilibrer son manager. Ce dernier, si près d’exécuter sa technique, n’eut pas le temps de l’annuler : son front embrassa le sol, faisant exploser dans l’espace le son déchirant de son propre crâne qui entrait en collision avec le carrelage. La masse devint soudain inerte, s’affaissant mollement à côté de Romain. Était-il mort ? Les équipiers, qui n’en revenaient pas, se mobilisèrent autour d’eux pour leur venir en aide. La fête était finie, la directrice avait été appelée.

The end.

Déjà fini ? T’en veux encore ? Jerry t’invite à lire une autre nouvelle : Tinder, une femme et des bouteilles.

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Rédacteur frustré ; plaies ouvertes, villa sur la mer.

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