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Home›Littérature›Une apologie des oisifs : fainéants de tous les pays, unissez-vous !

Une apologie des oisifs : fainéants de tous les pays, unissez-vous !

By Adeile Tyna
19 novembre 2017
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« Prenez la chose comme vous voudrez, mais il n’existe pas d’individus dont les services soient indispensables ». En 1877, Robert Louis Stevenson, Écossais de 27 ans, écrit et voyage depuis qu’il a abandonné ses études d’ingénierie à 21 ans, tout en essayant de soigner sa tuberculose en découvrant de nouveaux climats. Considéré comme le maître du roman d’aventure, il est également un des premiers à défendre un groupe social encore marginalisé de nos jours, les fainéants, à travers une œuvre qui devrait mériter un peu plus de mise en lumière.  Il s’agit d’un essai, léger comme une plume mais lourd de sens et de punchlines, nommé Une apologie des oisifs.

À la recherche du bonheur perdu

En l’espace de 27 pages, le message se veut ferme et modeste : le travail lucratif est un fléau pour le développement de l’intelligence et de l’hédonisme pour tout bon vivant. À l’inverse, « cette prétendue oisiveté, qui ne consiste pas à ne rien faire, mais à faire beaucoup de choses qui échappent aux dogmes de la classe dominante, a tout autant de voix au chapitre que le travail ».  Le conformisme et le capitalisme, sous l’influence des États-Unis, en prennent pour leur grade avec férocité et didactique ; Stevenson se plaît à citer Boswell, Dickens, Balzac pour servir d’exemples ou Sainte-Beuve pour les contre-exemples. La forme littéraire de l’essai devient complémentaire au divertissement avec le dialogue entre un jeune fainéant et un certain Monsieur Je-Sais-Tout, l’opinion générale, pour mieux résumer la conception de l’instruction de Stevenson. Selon lui, l’école buissonnière est le seul apprentissage raisonnable et enthousiasmant, capable de créer un style de vie jouissif et serein.

L’auteur de L’Île au trésor est conscient qu’il traite un sujet sans l’épuiser pour autant, il considère qu’un « précepte révolutionnaire » doit être soulevé : l’oisiveté est le meilleur moyen d’être heureux durablement. Son impertinence est armée d’une rhétorique rigoureuse, agrémentée d’une pluie d’antonomases telles que « Science des Aspects de la Vie » et « Route », cela le pousse à valoriser un état d’esprit anticonformiste, réprimé par le monde dit « actif » de son temps.

Un renversement s’établit donc sur le plan social et intellectuel car ce sont bel et bien les dominants, les élites dirigeantes, qui sont désœuvrés, inactifs, dotés d’une activité économique certes permanente mais surtout chronophage, épuisante et aliénante. Vivre sans travailler permet simplement de s’accepter en tant qu’individu en apprentissage infini, ouvert sur son environnement, au lieu de finir comme tous ces « morts-vivants », ces gens « dépourvus d’originalité qui ont à peine conscience de vivre s’ils n’exercent pas quelque activité conventionnelle ». La plume se veut grinçante puisque la marginalité encourue est vaine, Stevenson aime rappeler la question ridicule de l’éternité et de la reconnaissance, quitte à être glaçant. Oui, « l’humanité est indifférente à votre réussite » et tout ce raisonnement créatif et mordant a une vraie résonance avec les critiques actuelles sur le système scolaire, favorisant le sacrifice et l’accumulation rapide de savoirs via, par exemple, l’existence de classes préparatoires, sorte de chambre noire de l’univers des élites dirigeantes.  Même si les cours ou les livres vous passionnent, la pensée n’est pas synonyme à la lecture.

Parce que c’est notre projet

Néanmoins, on peut lui faire un petit reproche, celui de ne pas manifester plus intensément le droit des femmes de jouir du même droit au bonheur durable, en décrivant la jeunesse libre et joyeuse seulement à travers les jeunes hommes. D’ailleurs, pour enfin connaître « la chaleur palpitante de la vie », le professeur de l’oisiveté conseille fortement d’éviter les bourreaux du travail, ses savoureux propos sarcastiques face à leur matérialisme obsédant et déprimant réveillent énergiquement notre rire enfantin. Ce blâme du travail se construit donc comme un éloge de l’instant présent, du pouvoir du hasard provoqué par la flânerie, parce qu’« il ne fait aucun doute que l’on devrait être le plus oisif possible pendant sa jeunesse ».

Ainsi, Une apologie des oisifs bouleverse agréablement la conception scolaire de notre système sociétal afin de faire prendre conscience de l’affaiblissement physique, psychologique et intellectuel que commet le travail intensif. La souplesse créative et réflexive de Robert Louis Stevenson, valorisée par son mode de vie atypique, prouve bien que l’égoïsme se niche dans le labeur, focalisé sur la productivité, et non pas dans notre oisiveté. Promenez-vous avec ce vrai pied de nez à la prosternation sociale sur l’individualisme et la productivité tous terrains, la fainéantise est un humanisme !

 

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